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Messages

Affichage des messages du 2012

Une lettre à Aurélie Lanctôt

Chère Aurélie, Je ne te connais pas. J'imagine que tu es une fille très intelligente. J'ai enseigné à plusieurs jeunes brillants et j'imagine que tu es une de ces personnes que les profs aiment côtoyer parce que tu leur fais penser à leur jeunesse, à leurs belles années où ils étaient fougueux et rebelles. J'imagine que tu es drôle dans un party, lorsque tu fais des montées de lait. J'imagine que tes amis te trouvent à la fois intense et attachante. Je ne te connais pas, mais j'imagine tout ça. Une de mes anciennes étudiantes a affiché ton texte sur sa page Facebook en parlant de son désarroi face à celui-ci. J'ai lu ton texte et il m'a jetée par terre. Mais pas dans le bon sens. Dieu sait que j'en ai lu des textes, depuis le début de la grève. J'ai lu Martineau, Margaret Wente, André Pratte, des journalistes du National Post, j'ai lu des blogues et des statuts Facebook écrits par toutes sortes de personnes, mais  il n'y a pas un te

L'invasion de l'UQO, de mon point de vue (ajouts)

J'ai hésité avant d'écrire cette entrée. Tout ce que j'ai écrit dans ce blogue, jusqu'à présent, était en lien avec ce que j'ai vu ou ce qui m'a été rapporté directement. Quand j'ai écrit le récit de la journée de jeudi, je n'ai pas vraiment réfléchi. J'ai écrit mes impressions comme elles venaient. En relisant mon blogue et en lisant un commentaire sur Twitter (merci à Marc-Antoine Labelle), j'ai constaté qu'il y avait des trous dans mon histoire. Plus le temps avance, plus les souvenirs s'évaporent et se mêlent aux émotions et aux récits provenant d'autres témoins. Si je veux raconter le plus fidèlement possible ce qui s'est passé, toujours de mon point de vue, je dois ajouter  certains éléments-clés à mon récit, le plus rapidement possible. Comme je l'ai déjà écrit, j'assistais, durant l'heure du dîner, jeudi, à une réunion de préparation de voyage, dans un local du pavillon Lucien-Brault de l'UQO. Deux étu

La grève, de mon point de vue (suite)

Triste et sombre journée au pavillon Lucien-Brault de l'UQO, hier. Triste journée pour le mouvement étudiant et pour le Québec, triste journée pour mon école, aussi. Nous nous doutions que les choses allaient mal tourner depuis une semaine. Les grillons, les gardes postés aux entrées, le silence de mort dans les corridors désertés, tout cela était annonciateur de l'ouragan qui s'en venait. Je ne sais pas comment les gens qui vivent dans des pays assiégés font pour garder un équilibre mental. Ils s'habituent à la peur, j'imagine. J'imagine aussi que je dois me considérer privilégiée de vivre dans un pays où nous n'avons pas constamment peur d'être assiégés. Je ne peux raconter tout ce qui s'est passé. Je ne sais pas tout, je n'ai pas tout vu, tout entendu, je ne possède que mon point de vue, subjectif et limité, mais que je veux quand même traduire en mots, un peu plus de 24 heures après la tempête. À 11h15, lors de la pause de mon cours d

La grève, de mon point de vue

Malaise, hier. Je suis étudiante à l'UQO. Il me reste un tout petit cours à réussir afin d'obtenir mon certificat en traduction. Je fais cela pour le plaisir, pour me valoriser, pour apprendre à écrire. Je ne veux pas changer d'emploi ni changer le monde. Je veux m'ouvrir quelques portes, mais ce n'est pas bien grave si je n'obtiens pas ce certificat. Ma vie n'en dépend pas. Pourtant, j'aime aller à mes cours et je me désole de ne pas pouvoir terminer ce que j'ai commencé. Mon université m'a dit que les cours se donnaient hier, je me suis présentée à mon cours et j'ai suivi un cours, à l'endroit même où un prof a été arrêté et une autre a été expulsée. Le pavillon des lettres était d'un calme exemplaire. J'ai pu lire en paix pendant au moins une heure. Le garde de sécurité m'a fait gentiment entrer. Je voyais qu'il avait hâte de finir sa journée. En revenant chez moi hier, j'ai regardé le vidéo qui montre comment une

Une chambre à soi

Après avoir lu La Presse de ce matin, qui souligne abondamment la journée de la femme, j'ai pensé à VirginiaWoolf et à son livre "A Room of One's Own". Je viens de terminer la lecture de Quiet , ce si bon livre parlant d'introspection et je me suis dit que la meilleure chose que je peux souhaiter à toutes les filles de la Terre, (surtout pour mes semblables, les introverties), c'est de pouvoir jouir d'un espace pour elles-mêmes. Bien sûr, le luxe suprême consiste à avoir pour soi une pièce avec un bureau pour écrire, un ordinateur et une bibliothèque. Cependant, si ce n'est pas possible, toutes les filles et femmes devraient pouvoir jouir d'un endroit où elles peuvent s'enfuir et être souverainement seules, à l'abri des demandes de tous ceux qui dépendent d'elles. Et cet endroit, il peut être tant physique (un champ, une forêt, un café, une bibliothèque publique) qu'intérieur. Pour créer cet espace, il ne suffit pas d'aller