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Messages

Affichage des messages du 2014

La fugueuse tranquille

Semaine difficile à la job. Je vous épargne des détails qui ne vous intéresseraient pas de toute façon. Si vous avez occupé un emploi plus d’une semaine dans votre vie, vous connaissez la rengaine : des changements qui s’en viennent, des employés stressés (avec raison), du pouvoir à négocier. Dans le cas du merveilleux monde de l’éducation, s’ajoute au stress normal la pression liée à la fin de session qui approche. Non, je n’aurai pas le temps de tout voir et je devrai courir pour arriver à la ligne d’arrivée. Mes étudiants seront parfois à la dernière minute, parfois découragés, parfois épuisés, parfois même en crise. Je vais arriver à la fin fatiguée et excédée par des demandes d'étudiants full techno, mais qui n'ont jamais d'encre dans leur imprimante la journée de la remise des travaux. J'aurai besoin de prendre un verre pour célébrer la fin de la session, mais je ne saurai pas quoi porter au party de Noël, comme d'habitude.  "It's the most wonderful

Point final

Il est 6h15 du matin et je ne dors plus depuis 5h. Notre avion ne part qu'à 13h30 et mes bagages sont prêts. Que faire? Ça fait des jours que je me dis que je dois écrire ce texte et ainsi mettre un point final à la belle aventure que fût notre voyage autour du monde. Si je n'étais pas capable de me résoudre à écrire, c'est probablement parce que des sentiments contradictoires m'habitent. Nous avons tellement vécu de choses et cette année a passé si vite. Je voudrais à la fois rester à Paris six mois et rentrer chez nous le plus vite possible afin de revoir mon monde et me retrouver dans mes affaires. Je viens de relire l'entrée de blogue que j'ai écrite au tout début de notre voyage. Essentiellement, je disais que je ne savais pas trop pourquoi je partais et que, probablement, je trouverais des réponses à quelque part sur ma route. Avec du recul, je sais maintenant un peu plus pourquoi j'avais besoin de partir pour longtemps. Pourquoi suis-je donc par

Une Alsace en pain d'épices

En 2007, j'ai eu la chance de visiter l'Alsace avec mes parents. Nous demeurions dans une belle grande maison, dans un minuscule village. Il y avait des fleurs partout et la campagne respirait le calme. Au supermarché, il n'y avait pas de musique et les gens chuchotaient. Le soir, nous buvions un petit verre de Riesling en mangeant de la baguette et du Munster. Ce sont ces souvenirs qui m'ont donné le goût de revenir ici pour passer une semaine paisible, peu avant notre retour chez nous. Premier jour de visite à Colmar, je me sens bien. Les maisons colorées sont magnifiques, les canaux de la petite Venise charmants, la tarte flambée, mangée dans un bon resto tranquille, succulente. Il y a pas mal de touristes, mais ce n'est pas grave. L'air est doux et il fait bon visiter cette petite ville et la faire découvrir à Mathieu. Après dîner, nous décidons de partir pour Eguishem, nommé plus beau village de France, en 2013. C'est là que le charme cesse d'op

Lundi matin

"Every other day, every other day, Every other day of the week is fine, yeah But whenever Monday comes, but whenever Monday comes You can find me cryin' all of the time" Monday, Monday (The Mamas & The Papas) "It's just another manic Monday I wish it was Sunday 'Cause that's my funday My I don't have to runday It's just another manic Monday" Manic Monday (The Bangles) "Tell me why I don’t like Mondays Tell me why I don’t like Mondays Tell me why I don’t like Mondays I wanna shoo-oo-woo-woo-woo-oot the whole day down" I Don't Like Mondays (Boomtown Rats) Trois chansons parlant du lundi. Lundi déprime, lundi agite, lundi opprime tellement qu'on a le goût de le tirer. On est lundi matin. Je ne pleure pas, je ne regrette pas que la fin de semaine soit terminée et je n'ai surtout pas le goût de tirer sur quoi que ce soit. Pourtant, dans ma vie "normale" de travailleuse, je ne me sens pas

La paix

Je vous écris à bord du train qui nous amène d'Innsbruck, en Autriche, à Strasbourg, en France. Dans une heure environ, nous serons à Zurich... pour 20 minutes. Si ce n'était que de moi et si la Suisse n'était pas hors de prix, j'y passerais bien 20 jours. Pas grave, on va ramasser notre argent et y aller, éventuellement. Nous ne serons pas à plaindre, loin de là. Après avoir pris possession de notre (espérons, petite) voiture chez nos bons amis de chez Enterprise, nous nous dirigerons vers les Pays-Bas, puis vers la Belgique afin d'être de retour en Alsace puis à Paris. La fin de notre belle épopée est proche et nous rêvons déjà à nos futures odyssées. Je ne vous écrirai pas tout ce que j'ai appris de ce voyage-ci et ce que je devrais retenir en vue de la planification du prochain, mais je vais me concentrer sur quelque chose dont je suis certaine, maintenant plus que jamais: j'ai besoin de paix, intérieure et extérieure. Ce que dont je veux parler n'

Le goût de voyager

Pour tout vous dire, à la fin de mon séjour à Lyon, je commençais à en avoir assez de la vie de touriste voyageuse à plein temps. Plus le goût de communiquer avec les hôtesses Airbnb qui voulaient savoir à quelle heure nous allions arriver, de marcher de la gare à l'appart avec mon gros sac à dos, de me promener dans des rues pavées de pierres entourée d'écoliers criards, de visiter des musées, presque plus envie d'aller au cinéma. Les seules choses qui me branchaient un peu restaient la télé française, l'excellentissime Côte du Rhône que nous trouvions pour 5 euros au supermarché du coin et les fantastiques librairies usagées Gibert Joseph. Notre gentille hôtesse Airbnb nous avait parlé avec enthousiaste des brasseries Paul Bocuse de Lyon. J'avais bien envie d'y aller, mais le coût des plats m'a vite ramenée sur terre. Le Lyon du gastronome, ce serait pour une autre fois. Je suis donc arrivée à Athènes fatiguée. Bien sûr, se lever à 5h30 pour prendre le m

Le luxe

J'ai cherché la définition du mot luxe dans plusieurs dictionnaires en ligne. Chacun d'entre eux faisait référence à celui-ci en évoquant des biens matériels. Le luxe, c'est Chanel, c'est Dior, c'est Hermès. Ce n'est pas de cela dont je voulais vous parler. Après presque huit mois de voyage autour du monde, je ne peux, en ce moment, me payer aucun bien de luxe. Je suis un peu pas mal cassée et il me reste deux mois en Europe à faire. Ne vous inquiètez pas pour moi, de l'argent va rentrer, éventuellement. Mais il reste, qu'en ce moment, je ne peux me payer champagne et caviar dans de grands restos. Nous essayons, bien que ce ne soit pas toujours facile, de ne pas trop vivre au-dessus de nos moyens, dans des pays où la vie coûte souvent pas mal cher. Ce n'est pas du luxe matériel dont je suis en mesure de vous parler, car je n'y connais rien. Je ne sais distinguer un vrai diamant d'un faux ou un bon cuir d'un mauvais. Du grand luxe, je ne

Pour supporter le difficile

Je vous écris du café Majestic, un chef-d'oeuvre d'art nouveau, à Porto. Le restaurant où je me trouve porte bien son nom: son plafond est haut, ses murs sont d'un rose vieillot et un très beau piano à queue noir semble attendre qu'un musicien habillé en smoking vienne y jouer une nocturne de Chopin. Des lustres faits de fer forgé, des anges de plâtre rieurs ainsi que d'immenses miroirs entourés de bois massif surplombent des tables couvertes de marbre. Autour de celles-ci sont assis des touristes qui font comme nous, c'est-à-dire goûter à ce qu'a dû être la Porto de la Belle époque du début du 20ième siècle, lorsque les dames venaient au Majestic prendre le high tea, à 3 heures, parées de leur plus beau chapeau. Entre une gorgée de cappucino servi dans de la fine porcelaine et une bouchée d'une exquise pâtisserie portugaise, je me dis que c'est impossible que l'endroit où je me paye la traite royalement (comme l'a fait JK Rowling au moment d

Délivre-nous du mal

J'aime visiter des expositions ou des musées portant sur un artiste en particulier. De cette façon, je sens que je rencontre une personne et que j'apprends à la connaître. J'ai ainsi découvert Degas (ma première passion artistique, à 16 ans), Dix, Chagall, Matisse, Munch, Van Gogh, Rembrandt et plusieurs autres. Certains artistes me fascinent, comme Courbet et Caravaggio, d'autres me frustrent, comme Picasso (j'ai lu la bio de sa xième femme, Françoise Gilot et depuis, je ne suis pas capable de le sentir). J'aime aller à la rencontre de ces génies qui réinventent notre façon de voir le monde. Durant mes pérégrinations dans les musées, aucun artiste n'a su me toucher autant qu'Antoni Gaudi. Je l'ai rencontré un peu par hasard. Notre guide EF, en 2006, Flora, nous parlait avec des étoiles dans les yeux du Parc Güell. Je me demandais ce qui l'allumait autant. Cela n'a pas pris de temps pour que je comprenne les raisons de son amour pour l'

Out of Africa

Hier matin, j'ai pris la pire douche de ma vie. Et j'ai déjà voyagé en Haïti, où il fallait se laver à la tasse, en Inde où les "bucket showers" étaient fréquentes et au Serengeti, où l'eau était tout simplement glaciale. Ma douche d'hier souffrait clairement de bipolarité. Lorsque je tournais le robinet d'eau chaude, celle-ci devenait bouillante, en quelques secondes. Je tournais alors lentement le robinet d'eau froide et le jet devenait aussi glacial qu'un matin de janvier au Québec. Pas de milieu, que de la peur. Vais-je m'ébouillanter ou me geler dans les prochaines secondes? C'est à ce moment, à peu près à 8 h du matin, le 27 février, que j'ai décidé que j'en avais assez de l'Afrique et que j'étais mûre pour traverser la mer et me rendre en Espagne. Ça tombe bien, c'est ce que nous allons faire, ce matin. Si nous nous rendons... En effet, le trajet en traversier que nous devions faire à 8h30 a été annulé, sans pr

Inférieures

Saviez-vous que 95% des femmes n'iront pas au paradis, car elles sont de mauvaises personnes? C'est ce que j'ai appris, hier, lors de ma visite de Fès, de la bouche de notre guide marocain, Mohammed, un homme éduqué et intelligent. Père de trois enfants, dont deux filles, il a un diplôme en littérature américaine, parle couramment l'anglais, le français, l'espagnol, en plus de l'arabe, et est guide officiel depuis 15 ans. Cet homme, qui n'a pas du tout l'air d'un extrémiste taliban, pense que la majorité des femmes sont de mauvaise foi, qu'elles passent leur temps à potiner et qu'elles sont, bien entendu, inférieures à leurs congénères masculins. Lorsque Mohammed s'est mis à parler de la vilenie de la plupart des femmes, Mathieu lui a dit: "Mais ce sont les hommes qui tuent et qui font la guerre". Notre guide a alors répliqué: "Hilary Clinton, elle, tue et fait la guerre". Que répondre à cela? J'étais bouche bée.

Zone de turbulence

Je voyage depuis le 2 août. Jamais, depuis cette date, ne me suis-je sentie aussi mal que depuis les trois ou quatre derniers jours. Si nous avions plus d'argent, c'est clair que nous nous envolerions pour le Maroc, notre prochaine destination, le plus rapidement possible. Il y a une semaine, pourtant, tout allait sur des roulettes. Accompagnés de personnes humaines exceptionnelles, nous visitions déserts et parcs nationaux en riant et en discutant de manière intelligente. Il faut comprendre que le voyage que nous faisons est basé sur la collaboration de tous et l'entraide. À tous moments, je voyais des gens autour de moi se donner un coup de main ou partager leurs cannettes de Windhoeck ou leurs bouteilles de vin sud-africain, le soir venu. J'ai entre autres appris à connaitre deux jeunes chinoises, Yi et Gin, qui changeront à jamais la perception que j'ai des gens de ce pays. Et que dire de nos autres co-voyageurs australiens, européens et canadiens. S'ils

Overlanding

Depuis le 2 janvier, nous faisons un voyage organisé par Intrepid, une compagnie australienne que nous aimons beaucoup. Notre guide, notre cuisinier et notre chauffeur sont trois Kenyans extrêmement gentils et compétents, de vrais pros qui passent leur vie à sillonner le sud et l'est du continent africain à bord d'un immense camion. Attention, nous ne pouvons nommer le véhicule qui nous transporte un autobus, sous peine de nous faire chicaner par notre gentil conducteur James. C'est bel et bien à bord d'un truck tout de même assez confortable, mais sans air climatisé, que nous voyageons avec une quinzaine d'autres touristes provenant de l'Australie, bien sûr, mais aussi de la Grande-Bretagne, du Danemark, de la Chine, de la Suisse, de la Corée du Sud et du Canada. Juché sur des grosses roues, notre camion passe partout. Rien ne lui résiste. Avec lui, nous visitons parcs nationaux et déserts. Nous ne prenons pas toujours les belles routes pavées, loin de là. N

La dune

Deuxième matin en sol namibien, nous nous levons à 4h30 (de quoi donner raison à notre gentille guide kenyanne, Rose, qui affirme souvent que "This trip is not a holiday, it's an adventure"). Nous démontons notre tente de peine et de misère puis grimpons à bord du camion à bord duquel nous parcourons les routes plus ou moins cahoteuses du sud de l'Afrique. L'objectif de ce lever hâtif? Escalader l'une des merveilles du pays: la Dune 45 (qui porte ce nom, car elle est à 45 km de la ville de Sesria et non parce qu'elle prend 45 minutes à grimper, comme je le croyais). La veille, j'avais vu, dans une boutique, des cartes postales de l'endroit qui semblait très beau, mais aussi très haut. Je me suis vite dit que je ne serais jamais capable de gravir une si haute dune. J'enseigne plein de trucs sur l'estime de soi et la confiance en soi, mais c'est souvent plus facile d'enseigner les vertus du langage intérieur positif que de le pratique

L'ébène et l'ivoire

Vous connaissez les paroles de la chanson: "Ebony and ivory, live together in perfect harmony, side by side on my piano, why don't we?" Paul McCartney et Stevie Wonder qui chantent ensemble au piano. L'image est belle: le Blanc et le Noir en harmonie. Égaux, ensemble. Qu'en est-il de la réalité, ici, en Afrique du Sud, où le régime de l'Apartheid a été aboli au début des années 90? Est-ce que l'ébène et l'ivoire vivent ensemble sur le même piano? Vous savez sans doute qui est Mandela. On en a beaucoup parlé lors de sa mort, il y a quelques semaines. Vous savez aussi que le régime de l'Apartheid faisait en sorte que Blancs et Noirs ne vivaient pas comme des touches sur le même piano, mais devaient évoluer dans des orchestres complètement différents. Je ne vous raconterai pas l'Histoire. Si vous ne la connaissez pas, louez "Invictus" ou allez au cinéma voir "A Long Walk to Freedom". Ces films sont imparfaits, mais ils montr