Je suis en vacances aujourd'hui. J'aurais pu décider de prendre le volant de ma nouvelle Yaris et me diriger vers Québec, qui fête son 400ième anniversaire. Je n'en ferai rien. Encore plus, je n'ai aucune envie de partager avec Jean Charest, Stephen Harper et Ségolène Royal, mon amour de la ville fondée par Champlain en 1608. Pourtant, Dieu sait que j'aime cette ville. Peut-être que je l'aime trop, justement, pour vouloir la partager avec toutes ces armées de dignitaires, d'artistes et de visiteurs ordinaires qui fouleront le sol des Plaines, de la terrasse Dufferin et de la Rue Saint-Jean, au cours des prochaines semaines.
Pour moi, Québec, ce n'est pas une cérémonie pompeuse où l'on essaie de passer sous silence des années de querelles plus ou moins agressives. Le Québec que j'aime, je sais exactement où il se trouve. Il est sur la rue Couillard, dans un petit café nommé Temporel,un mardi après-midi de janvier, quand il fait trop froid pour marcher et que tout ce qu'il y a à faire, c'est de se réfugier dans ce paradis de solitaires pour boire le meilleur cappucino du monde. La capitale que j'aime est décrite à merveille par Jacques Poulin. C'est une ville difficile à aborder, remplie de côtes et de gens pas toujours gentils. C'est une ville à marcher. C'est une ville de silences, surtout l'hiver, en période off-carnaval. J'y ai mes habitudes, qui sont presque des manies ou des rituels. A part ma visite au Temporel, je dois prendre un café et un muffin au Tribune café, acheter un disque (ou plusieurs) au Archambeault de la rue Saint-Jean, puis traverser à la Librairie Pantoute pour bouquiner, manger une mini-poutine au Ashton de la Grande Allée et puis marcher, marcher, marcher (en m'arrêtant dans un des bouquinistes de la rue Saint-Jean) jusqu'à la rue Cartier.
Je vais toujours faire un saut sur la Promenade Dufferin et je contemple en silence ces glaces qui bougent lentement. Je réfléchis à ma vie, en respirant l'air frais et en rêvant de prendre le large.
Voilà le Québec que j'aime: un oasis pour promeneurs solitaires et pour chats égarés.
Je me rendrai à Québec cet été. Pour y entendre Paul MacCartney parler et chanter en anglais. Je me promets aussi d'aller revoir les Oies de Riopelle et l'oeuvre multimedias de Robert Lepage. Je n'irai pas célébrer. J'irai écouter de la bonne musique et apprécier le talents d'artistes de génie. Je retournerai à Québec en novembre ou en janvier. Je me payerai alors la traite. Québec et moi, nous fêterons ensemble au Temporel. J'ai déjà hâte.
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