
Pour créer cet espace, il ne suffit pas d'aller chez Ikea et de se choisir un bel ameublement. Il faut tout d'abord se donner le droit de s'en aller loin des autres et se dire, surtout, qu'ils survivront sans nous. Pas facile, dans un monde où l'on est constamment relié à tout le monde. Et ce ne sont pas seulement les mères qui sont en demande. Les travailleuses le sont aussi, j'en sais quelque chose!
Quand je pense à Virginia Woolf, je m'interroge sur le fait de la prendre comme modèle. Après tout, elle a quand même fini sa vie en marchant dans une rivière avec des roches dans les poches. Est-ce possible d'avoir cette fameuse chambre à soi sans faire de cette dernière un lieu de mélancolie et d'apitoiement? Je sais que je suis capable de rester des heures et des heures dans mon bureau aux murs aqua à boire des cafés à l'abri du monde, mais c'est de retourner dans le "réalité" qui pose parfois problème.
Virginia Woolf n'est pas nécessairement un modèle à suivre, même si les idées qu'elle proposait aux femmes étaient révolutionnaires. Elle a été capable de s'enfuir, mais elle n'a pas été capable de voir les beautés du monde qui l'entourait. L'idéal réside dans le fait d'être capable de profiter des moments qui nous sont donnés, dans sa chambre à soi et à l'extérieur de celle-ci. Si chaque fille peut faire honneur à ce qu'elle est profondément, la journée du 8 mars ne sera pas vaine. Si elle a à être généreuse et à prendre soin des autres en cette journée qui lui est consacrée, que la femme le fasse, mais qu'elle puisse avoir la chance de savoir que, si elle en a besoin, une chambre pour elle l'attend, à la fin de sa journée. Et dans cette chambre, elle sera la reine de son royaume!
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