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Le goût de voyager

Pour tout vous dire, à la fin de mon séjour à Lyon, je commençais à en avoir assez de la vie de touriste voyageuse à plein temps. Plus le goût de communiquer avec les hôtesses Airbnb qui voulaient savoir à quelle heure nous allions arriver, de marcher de la gare à l'appart avec mon gros sac à dos, de me promener dans des rues pavées de pierres entourée d'écoliers criards, de visiter des musées, presque plus envie d'aller au cinéma. Les seules choses qui me branchaient un peu restaient la télé française, l'excellentissime Côte du Rhône que nous trouvions pour 5 euros au supermarché du coin et les fantastiques librairies usagées Gibert Joseph. Notre gentille hôtesse Airbnb nous avait parlé avec enthousiaste des brasseries Paul Bocuse de Lyon. J'avais bien envie d'y aller, mais le coût des plats m'a vite ramenée sur terre. Le Lyon du gastronome, ce serait pour une autre fois.

Je suis donc arrivée à Athènes fatiguée. Bien sûr, se lever à 5h30 pour prendre le métro, pour ensuite aller en tram à l'aéroport, puis voler durant 4 heures n'est pas de tout repos, mais, habituellement, me déplacer m'énergise. J'en profite pour lire et je rêve à ma destination, entre deux articles du Paris Match ou du Courrier international au sujet de Manuel Valls ou de Marine LePen. Peut-être que le fait d'attendre en ligne 90 minutes derrière un groupe de personnes âgées françaises (faisant partie d'un groupe mal nommé Les Pionniers) qui ne cessaient de se plaindre n'a pas aidé, mais ça fait longtemps que je ne m'étais pas sentie ainsi. Je n'avais pas le goût de rentrer au Québec, où l'hiver ne semble plus vouloir se terminer, j'avais juste le goût de retrouver ma vie en version simplifiée, sans trop d'aéroports ni de gros sac à dos à transporter.

Puis je suis arrivée à Athènes. Et j'ai retrouvé le goût de voyager. Le dieu Hermès doit être avec moi, je n'en sais trop rien. En fait, c'est plus simple que cela. Tout a commencé par un biscuit. Mathieu n'avait pas pu manger l'omelette servie dans l'avion et avait faim, moi pas. Nous sommes sortis lui chercher un gyros. Je n'avais pas le goût de manger un si gros sandwich, si appétissant soit-il, mais je voulais goûter à la Grèce. Juste à côté de notre hôtel, se trouvait une belle et grande pâtisserie. Voyant mon intérêt pour les biscuits, le pâtissier m'a demandé de le suivre et m'a montré les biscuits aux "chocolate chips" qu'il venait de sortir du four. Extase totale. Mon biscuit était juste parfait. Son chocolat fondait dans ma bouche et je ne pouvais demander mieux. Un concentré de bonheur. C'est rien, un biscuit aux "chocolate chips", mais pour une voyageuse un peu fanée, ça fait toute une différence.

En soirée, nos amis Nancy et Blair sont arrivés. Quelle immense joie de se retrouver. Nous sommes restés longtemps sur la terrasse de l'hôtel à boire un verre et à jaser, en regardant au loin l'Acropole qui se tient debout, malgré tous les déboires des gens qui vivent en dessous de sa colline. Nous sommes sortis dans une taverne de la Plaka et nous avons continué à rire et à discuter. Une très belle soirée pour finir une journée qui n'avait pas été des plus faciles, mais qui a été sauvée par un biscuit et par le bonheur de retrouver mes amis.

Le lendemain matin, Nancy, Blair et Mathieu sont allés visiter l'Acropole et son musée. J'ai visité les lieux deux fois, avec mes étudiants. J'ai donc préféré dormir un peu plus tard et aller déjeuner à       10 heures. Après cela, je suis sortie et je me suis promenée dans le marché local. Je pense que j'ai bien fait. J'ai réalisé que je ne suis pas tannée de voyager, c'est la vie de touriste que je n'ai plus le goût, pour l'instant, de mener.

Je suis en ce moment sur le paradis terrestre qu'est Santorini. Je suis venue ici, il y a quelques années avec mes étudiants. Nous avions visité Oia très rapidement, trop rapidement. Il faut s'arrêter ici et prendre le temps de regarder le soleil se lever et se coucher. Il faut voir les falaises rouges et les magnifiques églises au joli toit bleu. Il faudrait être bien mal en point pour ne pas apprécier la beauté sublime du lieu où je me trouve. Nous avons loué une petite Peugeot et nous nous promenons à notre rythme sur l'île. Nous menons la belle vie.

Nous partons pour Mykonos demain et ce sera Crête ensuite. Je n'ai pas fini de m'extasier. Il est 8h29 du matin et je vous écris de la terrasse de notre appart qui offre une superbe vue sur la mer et sur la ville de Fira, perchée en haut d'une falaise qui prend, selon la lumière du soleil, des tons ocres, roses ou jaunes. Un petit vent souffle et j'écoute mon disque de Bon Iver. Tantôt, je vais continuer ma lecture des Mandarins de Simone de Beauvoir, auteure que j'ai beaucoup de plaisir à retrouver.

Il me reste pas mal de chemin à parcourir. Certains bouts seront magnifiques, d'autres plus rugueux. Il ne me faut jamais perdre de vue la chance que j'ai de voyager, même si je n'ai pas toujours le goût de jouer à la touriste. Et pour me ramener à la vie, il y aura toujours, au détour d'une route, un biscuit à goûter, un vin local à déguster, une fleur à photographier, des amis pour me faire rire. Ne comptez juste pas trop sur moi pour faire la file afin de visiter des attractions touristiques entourée de gens excités ou excédés. Cette vie-là, pour l'instant, je n'ai plus le goût de la mener.

Je vous laisse. J'ai l'air de Santorini à aller respirer. Doucement, lentement.

Commentaires

Unknown a dit…
Breathe deeply, dear. You deserve it. Moi aussi, c'était une visite beaucoup trop rapide à Santorini en 2012; le chaos de l'arrivée des pacquebots en croisière. Un jour, pas trop loin, j'espère, je vais m'inspirer des tes photos et de tes mots pour retourner à Santorini.

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