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Point final

Il est 6h15 du matin et je ne dors plus depuis 5h. Notre avion ne part qu'à 13h30 et mes bagages sont prêts. Que faire? Ça fait des jours que je me dis que je dois écrire ce texte et ainsi mettre un point final à la belle aventure que fût notre voyage autour du monde. Si je n'étais pas capable de me résoudre à écrire, c'est probablement parce que des sentiments contradictoires m'habitent. Nous avons tellement vécu de choses et cette année a passé si vite. Je voudrais à la fois rester à Paris six mois et rentrer chez nous le plus vite possible afin de revoir mon monde et me retrouver dans mes affaires.

Je viens de relire l'entrée de blogue que j'ai écrite au tout début de notre voyage. Essentiellement, je disais que je ne savais pas trop pourquoi je partais et que, probablement, je trouverais des réponses à quelque part sur ma route.

Avec du recul, je sais maintenant un peu plus pourquoi j'avais besoin de partir pour longtemps.

Pourquoi suis-je donc partie?

  • Pour prendre de l'air: ma vie de prof et ma personnalité font de moi quelqu'un de très sédentaire. J'avais besoin de marcher au grand air et de me sortir de mon bureau, de mon salon, de mon école et de ma maison. Se lever à 4h du matin pour aller marcher sur des dunes, ce n'est pas ce que je fais chaque jour, mais ça fait beaucoup de bien, au corps et à l'âme.
  • Pour prendre mon temps: la vie va parfois si vite que je n'ai pas toujours la chance de la savourer. Entre deux copies à corriger et un cours à préparer, je me sens souvent pressée. En voyage, le temps m'appartient. Je peux lire, écrire, niaiser sur internet sans me sentir coupable de ne pas travailler. J'aurais souhaité avoir encore plus de temps pour moi. Nous avons trop fait de voyages organisés. Si c'était à refaire, j'insisterais pour que nous passions un mois sur une île. Nous avons passé deux semaines à l'Ile Maurice. C'était très bien. Un mois à Santorini, ce serait extraordinaire, non?
  • Pour ne pas vieillir: bien sûr, c'est impossible, de ne pas vieillir, dans son corps du moins. C'est de moins en moins facile de traîner mon gros sac à dos et je m'adapte moins bien au manque de sommeil qu'avant. Quand même, voyager m'aide à rester alerte. J'apprends quelque chose à peu près chaque jour et, quand je me pense bonne, un nouveau défi vient me réveiller et me dire que j'en ai encore à apprendre. Nos rocambolesques aventures dans nos voitures de location prouvent que je ne maitrise pas encore cet aspect du monde du voyage.
  • Pour me sortir de moi: je n'aurais jamais crû que je serais capable de faire du camping en Afrique durant 45 jours. Je me suis rongé les sangs pendant des mois en me disant que je n'y arriverais pas. Pourtant, j'y suis arrivée. Oui, il y avait des lions qui rôdaient la nuit, de la chaleur, de la pluie et un groupe pas toujours facile, mais je n'ai pas baissé les bras. Je n'irais pas jusqu'à faire du parachute, mais je sais que je peux gravir de petites montagnes, en prenant mon temps et en ne me décourageant pas.
  • Pour être avec Mathieu: c'est fantastique de voyager avec Mathieu. Il est drôle, organisé et intelligent. C'est grâce à lui que nous avons visité l'Afrique du Sud, la Namibie et l'Indonésie, trois de nos coups de coeur, cette année. Si ce n'était que de moi, nous ne sortirions pas beaucoup de l'Europe... Dans notre vie à la maison, nous sommes souvent très occupés. Là, nous avions tout le temps du monde pour être ensemble. Je ne vous dirais pas que c'était toujours facile. Quand le GPS nous lâchait ou que j'avais de la misère à monter notre tente, nous avons vécu des instants pas évidents, mais nous nous parlons et apprenons, chaque jour, à vivre avec les forces et limites de l'autre.
  • Pour mieux comprendre le monde: je ne connais rien du monde, je le sais maintenant plus que jamais. Ce n'est pas assez de lire Le Monde et de regarder BBC World. Passer un mois dans le sud de l'Inde m'a permis de voir que, encore aujourd'hui, la femme n'occupe pas une place de choix dans ce pays. En Malaisie, j'ai eu de la peine en voyant de la résignation dans les yeux de nombreuses filles voilées. En Indonésie, par contre, les femmes musulmanes semblent plus épanouies. Il me reste tant à apprendre que je devrai repartir bientôt!
  • Pour goûter à la vie: hier matin, je suis sortie de l'appart que nous louons dans le 14ième arrondissement de Paris et je suis allée me chercher un croissant qui venait de sortir du four. Après, j'ai bu, dans un café un peu plus loin sur la rue, un excellent grand crème. Du très bon boeuf australien au Singapore Sling (bu à Singapore) en passant par d'excellentes paellas mangées en Espagne et de succulents vins d'Alsace, que de plaisirs pour mes papilles, mes narines et mes yeux. J'ai bien sûr aimé visiter le Guggenheim à Bilbao et le Prado à Madrid, mais j'ai aussi adoré goûter aux délices de chaque pays que nous avons visités.            


Voilà. Il est 7 heures. Je vais aller me chercher un dernier croissant. Merci à vous si vous m'avez lue, cette fois-ci et d'autres fois. Vous partager ce que j'ai vécu m'a aidée à mieux me comprendre dans ma dramaturgie, comme le chante Daniel Bélanger. Je vais peut-être continuer à écrire. Je ne le sais pas trop. Ce que je sais, c'est que nous repartirons  en 2019-2020 et que je retrouverai alors ce journal de voyage virtuel.

En attendant, il y a une job fantastique remplie de défis, ma famille et mes amis, des excellentes séries de télé, des films à profusion et des bons livres qui m'attendent. Et j'ai même entendu dire qu'il y a un nouveau Starbucks aux Promenades de l'Outaouais. Ça vaut bien Paris, tout cela, non?

Commentaires

Unknown a dit…
C'est toujours un cadeau que tu m'offres Caroline lorsque je lis tes mots. You write so well; please please never stop. Déjà un autre voyage autour du monde 'in the cards'. You two are amazing, truly. Et, en passant, moi, j'ai fait du parachute une fois dans ma vie. Selon moi, c'est un rien comparé à faire 45 jours de camping, peu importe où sur la planète!!

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