Je ne suis pas ce qu'on appelle une francophile finie. J'aime bien le Bordeaux, le camembert coulant et les livres d'Anna Gavalda, mais je n'ai jamais eu de ma vie une passion delirante pour la France, notre mere patrie. En fait, j'ai toujours eu une reserve face a l'archetype du citoyen francais. C'est peut-etre son cote direct et son franc-parler qui effraie la creature reservee et introvertie que je suis. Le francais typique, qui n'existe peut-etre pas mais que je me plais a imaginer, dit tout ce qu'il pense sans retenue et effraie ma sensibilite. Je ne sais pas, j'ai peut-etre ete traumatisee en juin 2004. Apres avoir visite le chateau de Versailles, j'ai commande une pizza dans un resto. Le serveur m'a parle anglais alors que je lui disais et repetais que j'etais francophone. Depuis lors, je suis insultee par cette attitude, par ce discours tenu par nombre de Francais qui promeuvent l'idee que les Quebecois ne parlent pas francais. Bien sur que nous parlons francais. Un beau francais a part de cela. Et cette manie de nous appeler cousins. Nous ne sommes les cousins de personne. Nous existons en nous-memes et je ne nous sens pas en lien de filliation directe avec les habitants du pays de Sarkozy.
Voila ce que je pensais de la France, avant d'y poser le pied qu'il me reste, mardi dernier. Apres m'etre fracturee la cheville en Bulgarie, j'avais besoin de reconfort. Apres m'etre fait mettre le pied dans un platre dont je ne suis pas certaine de la qualite, j'avais besoin de me trouver dans un endroit ou les choses fonctionnent. Apres avoir eu un rapport de mon etat ecrit en cyrillique et n'avoir compris de mon traitement que les mots "60 days don't walk", j'avais besoin qu'on m'explique, dans une langue qui m'est intelligible, ce qui m'arrivera et ce que je dois et ne dois pas faire, pour guerir au plus sacrant. La France etait donc une terre d'accueil toute designee, malgre mes reticences face a la facon d'etre de ses habitants.
Et quelle surprise ai-je eue!
Depuis 4 jours, je me fais accueillir par un joyeux "Qu'est-ce qui vous rendrait heureuse" (si vous saviez!) ou un chantant "Bonjour messieurs dames". Au resto, que nous visitions seulement pour la deuxieme fois, le serveur nous a serre la pince, comme si nous etions de vieux copains. Meme si le ciel se couvre de nuages gris et menacant, le temperament des gens n'est que soleil et sourires. Bien sur, il y cette occasionnelle chipie qui crie apres des clients qui, au Musee Chagall, osent deposer leur sac sur de beaux livres ou prennent dans leurs mains des cartes postales. Mais c'est l'exception. Et des chipies, il y en a partout.
Nous ne savons pas trop ce qui arrivera a notre periple. Je rencontrerai un medecin a Montpellier, le plus tot possible la semaine prochaine. Si tout va comme prevu, nous devrions rester pour un mois et quelques jours dans le Sud de la France, pour nous diriger ensuite sur Paris, comme on dit ici. Je me promenerai donc, telle une Lise Thibault en cavale (sans le cash des contribuables quebecois), dans ce pays que j'apprendrai a aimer, en chassant mes peurs et mes prejuges, parfois aussi durs que le platre dont mon pied est chausse.
Si vous connaissez la region et que vous avez des destinations a nous conseiller, n'hesiter pas a me les envoyer. L'horizon est ouvert. Mon esprit tentera de faire de meme.
Commentaires
Peut-être pourrais-tu écrire un de livre "A month in the South of France"? Je suis certaine que ça serait meilleur que "A year in Provence"...