La dernière fois que je me suis sentie ainsi, je devais être adolescente. Cet âge qui fait chanter à Dubois qu'il faut, parfois, "Laisser l'été avoir 15 ans". Je n'ai pas cet âge et je ne voudrais pas y retourner, mais avec un pied cassé, je n'ai pas le choix de prendre mon temps, j'y suis forcée.
J'ai commencé par m'attrister. De la Croatie que je manquerais. De Dubrovnik la jolie, de l'insulaire Hvar, de Zagreb la cosmopolite jazzée que je ne ferai que m'imaginer, pour l'instant du moins. J'ai fixé le plafond de mon studio en me demandant ce qui m'a pris de manquer cette marche dont je connaissais l'existence. J'ai eu de la peine, je me suis frustrée, je suis restée en silence, de longues minutes, à me demander ce qui arriverait de ce voyage que nous avons si longuement préparé.
Puis, j'ai écouté et j'ai lu. Des paroles, des courriels à la fois réconfortants et questionnants. Des gentilles âmes me disent de prendre soin de moi, de prendre du temps pour moi, me disent même qu'elles m'accueilleraient chez elles, si j'en avais besoin. D'autres gens, encore plus nombreux, me disent que rien n'arrivait pour rien, que nous avions probablement besoin de nous arrêter, que tout allait trop vite, qu'il fallait nous reposer un peu. Tous avaient raison, je m'en rends compte de jour en jour. Quand je prends le temps d'écouter une chanson à la radio, quand je me réjouis d'habiter le même quartier plus d'une semaine, quand je jubile à l'idée d'avoir un programme mensuel d'activités culturelles, quand je vois la lumière qui éclaire la page de mon livre et que je sais que je pourrai retourner souvent à l'endroit même où ce soleil m'éclaire si doucement, je sais que ce dont j'avais besoin, c'est cet arrêt, cette fracture dans le rythme qui rend le voyage encore plus exaltant.
Ma récré à moi, elle est longue et elle est un peu handicapée. C'est à moi de décider comment je vais la passer. Même plâtrée, j'ai en moi un sublime sentiment de liberté, que je tenais à vous partager.
Et qu'est-ce que j'en fais de ce temps, de ce début de novembre que je passe, plâtrée, dans le Sud de la France?
J'ai commencé par m'attrister. De la Croatie que je manquerais. De Dubrovnik la jolie, de l'insulaire Hvar, de Zagreb la cosmopolite jazzée que je ne ferai que m'imaginer, pour l'instant du moins. J'ai fixé le plafond de mon studio en me demandant ce qui m'a pris de manquer cette marche dont je connaissais l'existence. J'ai eu de la peine, je me suis frustrée, je suis restée en silence, de longues minutes, à me demander ce qui arriverait de ce voyage que nous avons si longuement préparé.
Puis, j'ai écouté et j'ai lu. Des paroles, des courriels à la fois réconfortants et questionnants. Des gentilles âmes me disent de prendre soin de moi, de prendre du temps pour moi, me disent même qu'elles m'accueilleraient chez elles, si j'en avais besoin. D'autres gens, encore plus nombreux, me disent que rien n'arrivait pour rien, que nous avions probablement besoin de nous arrêter, que tout allait trop vite, qu'il fallait nous reposer un peu. Tous avaient raison, je m'en rends compte de jour en jour. Quand je prends le temps d'écouter une chanson à la radio, quand je me réjouis d'habiter le même quartier plus d'une semaine, quand je jubile à l'idée d'avoir un programme mensuel d'activités culturelles, quand je vois la lumière qui éclaire la page de mon livre et que je sais que je pourrai retourner souvent à l'endroit même où ce soleil m'éclaire si doucement, je sais que ce dont j'avais besoin, c'est cet arrêt, cette fracture dans le rythme qui rend le voyage encore plus exaltant.
Vous savez ce que j'ai fait ce matin? J'ai lu le dossier spécial consacré à la question des Kurdes de la Turquie, bien ficelé par l'équipe du toujours génial Courrier international. J'ai dû mettre 2 heures à tout lire. Je ne pourrais écrire de thèse sur le sujet, mais je crois avoir compris les enjeux majeurs du conflit. Je ne prends pas, normalement, le temps de me plonger au coeur des grands troubles qui marquent l'actualité. Je me dis que je ne comprendrais rien, que ce serait trop long. En effet, c'est long, mais en même temps, je n'ai rien de plus pressant à faire, en ce moment. Ce temps m'appartient. Il est le mien. A moi d'ouvrir ma fenêtre qui donne sur de jolis toits de tuile, de me faire un deuxième café et de prendre tout le temps nécessaire pour comprendre le monde et sa complexité.
Après, nous sommes sortis et nous nous sommes baladés dans notre quartier. Nous avons regardé des hommes (et une femme!) jouer passionnément à la pétanque. On se serait cru dans un roman de Pagnol, avec cet accent chantant et cet humour qui caractérisent si bien les gens du Sud de la France. Rien ne comptait, pour ces joyeux joueurs, que ces boules argentées, que ces taquineries bien placées, que le bonheur manifeste qu'ils avaient à jouer comme des enfants en récréation qui ont presque oublié que l'école allait un jour recommencer.
Ma récré à moi, elle est longue et elle est un peu handicapée. C'est à moi de décider comment je vais la passer. Même plâtrée, j'ai en moi un sublime sentiment de liberté, que je tenais à vous partager.
Commentaires
Porte-toi bien et guéris vite!
Shanty