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One photo

Nous sommes a Jaipur en ce moment. La capitale du Rajasthan, toute de rose vetue, a ses charmes, mais elle a aussi ses limites. J'ai aime marcher dans ses allees commerciales, ou les marchands de curcumin et de chili cotoient les vendeurs de carottes rouges et de the Darjeeling. J'ai aussi ete impressionnee par les marchands de tissus colores qui me rappellent ces champs d'un vert eclatant, ou l'on voit surgir au loin les fleurs rose, orange ou rouges que sont ces femmes vetues de saris qui defient les lois de la gravite en transportant un univers sur leur tete.


Ce que j'aime moins, c'est de devoir me frayer un passage entre les tuktuk, motos et autos pour traverser les rues. Il ne faut pas hesiter et il faut foncer. Mathieu prend ma main tremblante et nous courons pour sauver notre vie. Traverser les rues de Jaipur releve plus du sport extreme que de la balade bucolique, si vous voulez mon avis. Je n'aime pas non plus me faire crier a tout instant "Where do you come from", "What do you want", "Pillowcase, only 30 rupees". A ces moments, j'ai le gout de me sauver dans l'ashram le plus proche et de mediter pour le restant de mes jours.


Le contraste est total par rapport au dernier endroit que nous avons visite.


Apres un voyage chaotique en autobus public (voir le blogue de Mathieu), nous avons fait 45 minutes de jeep. En arrivant a notre destination, on sent que les gens sont heureux de nous voir. Ils arretent ce qu'ils font pour nous saluer. Les enfants sont quasi-euphoriques. Nous voyons que notre jeep s'engage sur une pente et nous arrivons en haut. Nous allions vivre, pour 24 heures, dans un ancien chateau, un "Heritage Hotel". Pendant une journee, je me suis sentie revivre. Le vent etait doux en haut et la vue etait magnifique. J'afficherai des photos sur ce blogue quand la technologie me le permettra. Vous savez, le genre d'endroit ou l'on se dit "Je veux revenir ici". Je me suis sentie comme cela aux Iles de la Madeleine, a San Francisco et a Vienne, entre autres. Je me sens ainsi a chaque fois que j'entre dans la petite librairie de Kennebunkport, au Maine.

J'aurais pu rester en haut, me vetir de vetements de lin beiges et d'un chale, commander un the au citron et commencer a ecrire mes memoires. Plutot, j'ai accepte l'offre des proprios de l'hotel de suivre un peintre local et de visiter avec lui le petit village situe en bas de notre palace. Je ne l'ai pas regrette, bien entendu.

Ce qui m'a tout d'abord surprise du village, c'est qu'il est consacre a l'artisanat. Ce qui est magnifique, c'est que les gens y travaillent dans de bonnes conditions. Nous avons vu des jeunes filles confectionner des magnifiques colliers et bracelets, un potier, des tisserands.

J'ai ete emue de voir a quel point les enfants s'attendaient a etre pris en photo. Des qu'il nous voyaient, ils se mettaient a crier "One photo!!!, one photo!!!". Et, armes de nos cameras numeriques, nous en avons pris des photos et nous aimions voir la figure ebahie de nos sujets quand ils se regardaient dans notre camera. J'aurais aime aller plus loin et depasser ce lien photographique, mais ma meconnaissance de l'hindi m'a bien sur nui. Quand meme, j'ai marche quelques instant avec un gentil garcon nomme Deepah et j'ai regarde pour un long moment des jeunes garcons faisant voler leur rudimentaire cerf-volant, pres de notre chateau. Je leur ai envie leur liberte et je me suis sentie si libre en les regardant que je me suis dit que je devrais peut-etre me mettre a pratiquer ce loisir, de retour au Canada. En marchant, j'ai refuse a une petite fille de 7 ans de la prendre en photo. J'en avais un peu assez et j'etais fatiguee. Ses 3 amies et elle m'ont vu regarder voler les cerfs-volant, assise sur ma colline. Elles ont couru afin de me rejoindre et riaient en continuant de me crier "One photo!!!, One photo!!!". J'ai pris le temps de les photographier, bien sur, et nous sommes restees la, pour un moment, a rire et a tenter de nous comprendre. Je me suis alors dit que si ces petites etaient pretes a courir pour etre prises en photo par une touriste, c'est que le cliche n'etait pas juste un cliche. Ca veut dire pour elles "Je suis belle, je suis importante, car la madame veut une image de moi."
Je suis retournee dans mon palace pour prendre l'apero. La journee avait ete a la fois dechirante et magnifique. Le soir, je me suis encore une fois dit que j'aimerais bien retourner a cet endroit enchanteur. Cette fois-la, j'aurai ma camera bien sur, mais j'apprendrai aussi quelques mots en hindi. Pour depasser le lien photographique. Pour donner un peu plus qu'un cliche. Pour percer l'image et comprendre vraiment le vecu de ces enfants aussi colores que les magnifiques bracelets et cerfs-volants qu'ils confectionnent.

Commentaires

Anonyme a dit…
J'allais justement proposer le ashram... au moins le palace vous a permis d'arrêter la course folle et de respirer un peu. Bon courage!

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