Passer au contenu principal

Que la paix soit avec vous

C'est en me promenant a moto (comme passagere, heureusement pour moi et pour la population locale) sur d'etroites routes traversant des champs de riz pres de Hue que je suis tombee en extase devant ce pays que l'on nomme Vietnam. Avant ce voyage, je n'avais vu le pays qu'a travers la lentille de realisateurs americains. Je savais la souffrance des familles cruellement delogees de leur pauvre demeure par d'immenses GI americains. Je connaissais la douleur du choc post-traumatique vecu par nombre de veterans americains. J'avais entendu dire que de nombreuses manifs reclamaient la paix pour ce petit pays qui se battaient contre son immense et richissisime envahisseur. Ma tete avait plus ou moins bien enregistre ces informations. Mais c'est a moto, presque toute seule et entoure d'un vert eternel que j'ai ressenti la profonde paix que le Vietnam degage maintenant. Les manifestants n'ont pas chante "Give Peace a Chance" en vain. Aujourd'hui, une douce serenite impregne le pays, malgre le bruit incessant des moteurs des motos et la machine capitaliste qui a envahi les rues des grandes villes de ce pays "communiste".

Nous n'avons pas eu la chance de vivre dans une famille vietnamienne. Nous avons, par ailleurs, pu discuter avec des guides locaux. A chaque occasion, nous leur avons demande si le peuple gardait une rancoeur face aux Americains. A chaque fois, la reponse est la meme: "Ce qui est passe doit etre oublie, nous construisons l'avenir". Lire en sous-texte: "Nous voulons que tous les touristes se sentent accueillis pour que notre pays puisse continuer a se reconstruire." Volonte de faire de l'argent, oui. Mais grande resilience, aussi.

Est-ce que tout a ete oublie? Permettez-moi d'en douter. Nous avons eu la chance de visiter les etranges "Cu chi tunnels". Vous connaissez peut-etre. Les habitants de la petite ville de Cu chi, pres de Saigon ont construit 250 km de tunnels pour se cacher des envahisseurs. La communaute s'est prise en main pour contribuer a la survie collective. Avant de visiter le tunnel specialement construit pour les touristes (plus large que celui qui servait a accueillir les minces vietnamiens, bien sur) un petit video nous est montre. Dans celui-ci on voit comment Ming (non fictif) jeune villageoise modele a tue a elle-seule plus de 100 americains dans une seule journee pour aller ensuite, en soiree, faire de l'artisanat et de la cuisine. Nous nous forcons pour ne pas rire devant le manque d'objectivite de l'information presentee. En haut de la tele, Uncle Ho (Ho Chi Minh) sourit a grande dents. Il est fier de son peuple. Et il a raison. Le petit David vietnamien a battu le Goliath americain. Meme si David se dit totalement en paix, il est quand meme fier de sa meilleure tueuse...

Je suis encore loin de comprendre les contradictions et les contrastes du Vietnam. Je n'y ai sejourne que 11 jours, apres tout. Je vais continuer a lire. Je vais revoir Platoon et Apocalypse Now, probablement. Je sais que je n'ai pas tout saisi. Mais je sais aussi que je veux, dans pas trop longtemps, revoir cette gracieuse baie de Ha Long et ces rues fleuries de Hanoi ou je me suis sentie profondement bien. Et je souhaite au peuple vietnamien de profiter de la paix qui leur est si gracieusement offerte par leurs champs de riz et leurs tiges de bambous qui se balancent au vent.

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Entrer dans la lumière

A ma dernière entrée de blogue (qui ne remonte pas à plus de deux semaines: miracle!), je me disais que j'avais hâte de visiter le musée Picasso, qui pourrait me permettre de capter un peu de la lumière si absente du ciel de Paris. Laissez-moi vous dire que je n'ai pas trouvé la lumière où je pensais la trouver. Nous nous sommes levés tôt. Il faisait toujours noir quand nous sommes sortis de notre auberge. D'un pas rapide et enthousiaste, nous avons affronté le petit vent frais de décembre et marché dans les rues du Marais, mythique et charmant quartier parisien, que je ne fais que commencer à découvrir. Nous sommes arrivés à 9h15, alors que les portes de musée ouvraient à 9h30. Nous étions les premiers à entrer (gratuitement, car nous avons une carte prouvant que nous sommes profs, héhé! Car être prof, doit bien avoir quelques bénéfices marginaux, à part faire quelques fois et sans trop de remords des photocopies personnelles...) et nous étions heureux et confiants. J'

Where everybody knows your name, and they're always glad you came

Cette chanson (thème musical de l'émission Cheers) me revient souvent en tête. Elle me parle d'amitié et de familiarité réconfortante. Je songe à Cheers et je deviens un peu nostalgique, comme à chaque fois que je pense à toutes ces bonnes vieilles émissions disparues. Tabou , qui passe en rafale à TVA depuis 1 mois et que je suis avidement, finit cette semaine et Rumeurs n'est pas encore commencé, même chose pour Scrubs . Je pourrais me louer des épisodes de bonnes séries, comme Curb your Enthusiasm ou Six feet Under, mais je crois qu'il y a quelque chose du téléroman vu à horaire régulier qui me réconforte et dont j'ai profondément be soin. Je me rappelle des soirs de semaines programmés de mon enfance et de mon adolescence: lundi La croisière s'amuse, mercredi Le temps d'une paix, jeudi Pop Citrouille, Family Ties et The Cosby Show . Depuis toujours, j'aime rêver, dans le feu de l'action de mes journées occupées, au moment où je regardera

Une lettre à Aurélie Lanctôt

Chère Aurélie, Je ne te connais pas. J'imagine que tu es une fille très intelligente. J'ai enseigné à plusieurs jeunes brillants et j'imagine que tu es une de ces personnes que les profs aiment côtoyer parce que tu leur fais penser à leur jeunesse, à leurs belles années où ils étaient fougueux et rebelles. J'imagine que tu es drôle dans un party, lorsque tu fais des montées de lait. J'imagine que tes amis te trouvent à la fois intense et attachante. Je ne te connais pas, mais j'imagine tout ça. Une de mes anciennes étudiantes a affiché ton texte sur sa page Facebook en parlant de son désarroi face à celui-ci. J'ai lu ton texte et il m'a jetée par terre. Mais pas dans le bon sens. Dieu sait que j'en ai lu des textes, depuis le début de la grève. J'ai lu Martineau, Margaret Wente, André Pratte, des journalistes du National Post, j'ai lu des blogues et des statuts Facebook écrits par toutes sortes de personnes, mais  il n'y a pas un te