Passer au contenu principal

Chinoiseries

Je suis revenue de la Chine depuis quelques jours. J'y ai passé 2 semaines. Ce n'est évidemment pas suffisant pour saisir ce pays a la fois immense et complexe. Pendant que nous voguions sur la riviere Yangtze et escaladions (avec grande peine, puis énorme satisfaction, dans mon cas) les marches de la Grande Muraille, des gens se faisaient matraquer, a Lhasa, au Tibet. Si nous avions été dans n'importe quel autre pays au monde, nous aurions été bombardés d'infos. Pas en Chine. Nous avions seulement droit a une maigre pitance de propagande savamment contrôlée par l'Etat chinois. Je suis dépendante des medias. A la fin de mes 2 semaines chinoises, je n'étais tout simplement plus capable de lire des infos completement subjectives. Dans le seul ˝journal˝ rédigé dans la langue de Shakespeare, le China Daily, on compare les medias occidentaux a la machine propagandiste hitlerienne et le dalai lama est presenté sous des traits démoniaques. Et on ne peut meme pas se rabattre sur le ˝Courrier des lecteurs˝, il est tout aussi biaisé et ne fait que présenter des opinions pro-régime et anti-occidentales. Au départ amusante, la lecture du quotidien devient une expérience intellectuelle completement déprimante. De plus, je ne pouvais compter sur mon blogue pour ventiler. Il était aussi censuré par l'Etat chinois.

La Chine que j'ai pu apercevoir, de mes yeux de touriste, n'est pas pauvre, économiquement parlant. Je n'ai pas vu beaucoup de sans-abris ni d'enfants de la rue, comme en Inde, par exemple. Les gens semblent travaillants, affairés. Le pays est sur une lancée économique et on voit des grues construisant les villes, un peu partout. La base de la pyramide de Maslow semble solide. Est-ce que le fait de recevoir une information juste et objective est un droit fondamental ou un luxe propre a nos contrées? Qu'en est-il de tous ces journalistes qui n'ont pu couvrir les événements de Lhasa? Pourquoi la Chine a-t-elle autant peur de la vérité? Cette vérité agiterait-elle ces millions de Chinois qui n'ont pu s'exprimer, depuis des dizaines d'années? Lorsque nous visitions la célebre place Tienanmen, j'ai demandé a notre guide de nous expliquer les événements de 1989. Il m'a dit qu'il ne pouvait le faire, car il y avait, ce jour-la, trop de policiers. Tout le monde a une idée de ce qui s'est passé, mais on ne peut en parler. Il faut tout dissimuler. Tout va bien. Aux nouvelles du soir, nous avons regardé le poste anglo local, CCTV 9 nous montrer la flamme olympique qui avait commencé son voyage vers Beijing. Une belle cérémonie, sans accroc, selon ce que la Chine nous a montré. A la BBC, 2 chaînes plus loin, nous voyons ce qui s'est passé pour vrai. Des manifestants, du grabuge. Je me suis sentie flouée, a la Place Tiennanmen comme devant ma télé. Est-ce qu'on s'habitue? J'aurais aimé parler au ˝Chinois de la rue˝, mais je n'ai pas osé m'en approcher. Si je retourne en Chine, je le ferai, c'est certain.

Je n'ai pas pu recevoir toutes les réponses que je voulais, en Chine. De retour en Europe, je vais continuer a m'informer et a lire sur ce pays avec lequel j'entretiens une drole de relation. J'ai appris a manger avec des baguettes et ai marché sur la Grande Muraille, mais je ne suis pas arrivée a saisir le mystere que représentent la Chine et ses troublants silences.

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Entrer dans la lumière

A ma dernière entrée de blogue (qui ne remonte pas à plus de deux semaines: miracle!), je me disais que j'avais hâte de visiter le musée Picasso, qui pourrait me permettre de capter un peu de la lumière si absente du ciel de Paris. Laissez-moi vous dire que je n'ai pas trouvé la lumière où je pensais la trouver. Nous nous sommes levés tôt. Il faisait toujours noir quand nous sommes sortis de notre auberge. D'un pas rapide et enthousiaste, nous avons affronté le petit vent frais de décembre et marché dans les rues du Marais, mythique et charmant quartier parisien, que je ne fais que commencer à découvrir. Nous sommes arrivés à 9h15, alors que les portes de musée ouvraient à 9h30. Nous étions les premiers à entrer (gratuitement, car nous avons une carte prouvant que nous sommes profs, héhé! Car être prof, doit bien avoir quelques bénéfices marginaux, à part faire quelques fois et sans trop de remords des photocopies personnelles...) et nous étions heureux et confiants. J'

Where everybody knows your name, and they're always glad you came

Cette chanson (thème musical de l'émission Cheers) me revient souvent en tête. Elle me parle d'amitié et de familiarité réconfortante. Je songe à Cheers et je deviens un peu nostalgique, comme à chaque fois que je pense à toutes ces bonnes vieilles émissions disparues. Tabou , qui passe en rafale à TVA depuis 1 mois et que je suis avidement, finit cette semaine et Rumeurs n'est pas encore commencé, même chose pour Scrubs . Je pourrais me louer des épisodes de bonnes séries, comme Curb your Enthusiasm ou Six feet Under, mais je crois qu'il y a quelque chose du téléroman vu à horaire régulier qui me réconforte et dont j'ai profondément be soin. Je me rappelle des soirs de semaines programmés de mon enfance et de mon adolescence: lundi La croisière s'amuse, mercredi Le temps d'une paix, jeudi Pop Citrouille, Family Ties et The Cosby Show . Depuis toujours, j'aime rêver, dans le feu de l'action de mes journées occupées, au moment où je regardera

Une lettre à Aurélie Lanctôt

Chère Aurélie, Je ne te connais pas. J'imagine que tu es une fille très intelligente. J'ai enseigné à plusieurs jeunes brillants et j'imagine que tu es une de ces personnes que les profs aiment côtoyer parce que tu leur fais penser à leur jeunesse, à leurs belles années où ils étaient fougueux et rebelles. J'imagine que tu es drôle dans un party, lorsque tu fais des montées de lait. J'imagine que tes amis te trouvent à la fois intense et attachante. Je ne te connais pas, mais j'imagine tout ça. Une de mes anciennes étudiantes a affiché ton texte sur sa page Facebook en parlant de son désarroi face à celui-ci. J'ai lu ton texte et il m'a jetée par terre. Mais pas dans le bon sens. Dieu sait que j'en ai lu des textes, depuis le début de la grève. J'ai lu Martineau, Margaret Wente, André Pratte, des journalistes du National Post, j'ai lu des blogues et des statuts Facebook écrits par toutes sortes de personnes, mais  il n'y a pas un te