Malaise, hier. Je suis étudiante à l'UQO. Il me reste un tout petit cours à réussir afin d'obtenir mon certificat en traduction. Je fais cela pour le plaisir, pour me valoriser, pour apprendre à écrire. Je ne veux pas changer d'emploi ni changer le monde. Je veux m'ouvrir quelques portes, mais ce n'est pas bien grave si je n'obtiens pas ce certificat. Ma vie n'en dépend pas. Pourtant, j'aime aller à mes cours et je me désole de ne pas pouvoir terminer ce que j'ai commencé.
Mon université m'a dit que les cours se donnaient hier, je me suis présentée à mon cours et j'ai suivi un cours, à l'endroit même où un prof a été arrêté et une autre a été expulsée. Le pavillon des lettres était d'un calme exemplaire. J'ai pu lire en paix pendant au moins une heure. Le garde de sécurité m'a fait gentiment entrer. Je voyais qu'il avait hâte de finir sa journée.
En revenant chez moi hier, j'ai regardé le vidéo qui montre comment une prof a été brutalisée et un autre a été sorti de force. Ces gens-là sont des intellos. Ils ne représentent aucune menace. Ils s'exprimaient, ils n'attaquaient pas. Et pourtant, on les a traités comme des délinquants, des dangereux. Leurs idées peuvent être confrontantes pour les forces de l'ordre, j'en conviens, mais ils ne méritaient certainement pas d'être traités ainsi.
Je savais, par la magie de la fée Twitter, que les profs avaient été traités ainsi et pourtant je me suis présentée à mon cours quand même.
Je suis mélangée, comme plusieurs de mes collègues étudiants, jeunes et vieux.
D'un côté il y a la volonté de contribuer à rendre la société plus juste, de supporter ceux qui ne pourront étudier si ça coûte trop cher et de l'autre, il y a le désir de finir ce que j'ai commencé, d'étudier, de rentrer en classe et de travailler fort.
Il y a aussi que j'enseigne dans les locaux du Pavillon Brault de l'UQO, au Collège Nouvelles Frontières qui a rejeté la grève à 66%. Je peux faire mon travail en paix, lorsque je suis en classe, mais je ne sais jamais si je me rendrai en classe. Hier, on a déversé des insectes près des casiers de mes étudiants. Il y a deux semaines, le stationnement était bloqué par des grévistes. Nous devons présenter nos cartes d'identité chaque fois que nous entrons en classe et nous entendons parler quotidiennement des "9 autobus de manifestants qui arriveront de Montréal". J'ai peur que mon auto se fasse grafigner, pour être franche avec vous.
Je ne sais pas trop comment le Québec s'en sortira. Il me semble qu'il serait temps de parler. Que les décideurs étudiants et membres du gouvernement arrêtent les guerres de mots et d'images tentent de trouver, ensemble, des solutions.
C'est là que nous sommes rendus.
Je vous laisse, je veux partir un peu plus tôt, au cas où j'aurais de la difficulté à rentrer à mon travail...
Mon université m'a dit que les cours se donnaient hier, je me suis présentée à mon cours et j'ai suivi un cours, à l'endroit même où un prof a été arrêté et une autre a été expulsée. Le pavillon des lettres était d'un calme exemplaire. J'ai pu lire en paix pendant au moins une heure. Le garde de sécurité m'a fait gentiment entrer. Je voyais qu'il avait hâte de finir sa journée.
En revenant chez moi hier, j'ai regardé le vidéo qui montre comment une prof a été brutalisée et un autre a été sorti de force. Ces gens-là sont des intellos. Ils ne représentent aucune menace. Ils s'exprimaient, ils n'attaquaient pas. Et pourtant, on les a traités comme des délinquants, des dangereux. Leurs idées peuvent être confrontantes pour les forces de l'ordre, j'en conviens, mais ils ne méritaient certainement pas d'être traités ainsi.
Je savais, par la magie de la fée Twitter, que les profs avaient été traités ainsi et pourtant je me suis présentée à mon cours quand même.
Je suis mélangée, comme plusieurs de mes collègues étudiants, jeunes et vieux.
D'un côté il y a la volonté de contribuer à rendre la société plus juste, de supporter ceux qui ne pourront étudier si ça coûte trop cher et de l'autre, il y a le désir de finir ce que j'ai commencé, d'étudier, de rentrer en classe et de travailler fort.
Il y a aussi que j'enseigne dans les locaux du Pavillon Brault de l'UQO, au Collège Nouvelles Frontières qui a rejeté la grève à 66%. Je peux faire mon travail en paix, lorsque je suis en classe, mais je ne sais jamais si je me rendrai en classe. Hier, on a déversé des insectes près des casiers de mes étudiants. Il y a deux semaines, le stationnement était bloqué par des grévistes. Nous devons présenter nos cartes d'identité chaque fois que nous entrons en classe et nous entendons parler quotidiennement des "9 autobus de manifestants qui arriveront de Montréal". J'ai peur que mon auto se fasse grafigner, pour être franche avec vous.
Je ne sais pas trop comment le Québec s'en sortira. Il me semble qu'il serait temps de parler. Que les décideurs étudiants et membres du gouvernement arrêtent les guerres de mots et d'images tentent de trouver, ensemble, des solutions.
C'est là que nous sommes rendus.
Je vous laisse, je veux partir un peu plus tôt, au cas où j'aurais de la difficulté à rentrer à mon travail...
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