J'ai hésité avant d'écrire cette entrée. Tout ce que j'ai écrit dans ce blogue, jusqu'à présent, était en lien avec ce que j'ai vu ou ce qui m'a été rapporté directement. Quand j'ai écrit le récit de la journée de jeudi, je n'ai pas vraiment réfléchi. J'ai écrit mes impressions comme elles venaient. En relisant mon blogue et en lisant un commentaire sur Twitter (merci à Marc-Antoine Labelle), j'ai constaté qu'il y avait des trous dans mon histoire.
Plus le temps avance, plus les souvenirs s'évaporent et se mêlent aux émotions et aux récits provenant d'autres témoins. Si je veux raconter le plus fidèlement possible ce qui s'est passé, toujours de mon point de vue, je dois ajouter certains éléments-clés à mon récit, le plus rapidement possible.
Comme je l'ai déjà écrit, j'assistais, durant l'heure du dîner, jeudi, à une réunion de préparation de voyage, dans un local du pavillon Lucien-Brault de l'UQO. Deux étudiants présentaient la ville de Londres. Pendant que l'un des étudiants parlait, on a cru comprendre que les manifestants étaient revenus et qu'ils étaient de notre côté de l'édifice. Plusieurs d'entre eux étaient masqués d'un foulard rouge, d'autres portaient des lunettes de ski. D'où nous étions, il était impossible de savoir s'ils attendaient patiemment devant les gardes de sécurité où s'ils provoquaient ceux-ci. J'ai pu percevoir qu'un manifestant semblait blessé et j'en ai ainsi déduit que les jeunes avaient tenté de pénétrer dans l'école en défiant les gardes. Je ne crois pas qu'ils soient restés pacifiquement, sans bouger, devant les policiers. Ils ont tenté d'entrer dans une école où ils n'avaient pas le droit d'aller. Est-ce que les gardes ont eu raison de les frapper à la tête? Certainement pas. Est-ce que les jeunes avaient raison de continuer à tenter d'entrer dans le pavillon? Certainement pas non plus, de mon point de vue.
Sans les avoir vus, je sais (et j'en ai déjà parlé) que les jeunes sont entrés par une porte de derrière laissée sans surveillance. Je sais aussi qu'ils ont cassé de la vaisselle et qu'ils ont répandu des condiments par terre. C'est après avoir fait cela qu'ils se sont assis dans la cafétéria et qu'il ont observé une minute de silence afin de démontrer publiquement le pacifisme de leurs actes. Je m'interroge sur le réel pacifisme de cette invasion. Ce n'est pas parce qu'on fait un signe de la paix en silence que cela veut dire que nous sommes non-violents. Je ne suis pas, comme Mathieu (mon mari, prof d'éthique à St-Alex) spécialiste de la chose, mais il me semble que MLK et Gandhi n'auraient pas utilisé cet exemple pour illustrer ce qu'est la non-violence. Ces jeunes et moins jeunes voulaient lancer un message idéologique clair d'opposition au gouvernement Charest et ils ne méritaient pas d'être emprisonnés, certes, mais il reste que leur action a fait peur à des centaines de personnes innocentes, qu'ils ont défié la loi d'une manière qui n'était pas des plus pacifiques et que certains d'entre eux ont commis des actes de vandalisme. Est-ce que des manifestants ont tenté d'arrêter les actes violents de leurs camarades? Je ne le sais pas. Je suis prête à croire ceux qui me diront qu'ils ont agi ainsi. Et je serai fière d'eux.
Une question me taraude, depuis jeudi. Qu'auraient fait les manifestants si la police n'était pas intervenue aussi rapidement? Si certains ont pu mettre des grillons dans les toilettes du pavillon, auraient-ils pu aller plus loin et détruire des locaux ou blesser des personnes, jeudi? Je sais que cette question est inutile, mais je me la pose quand même en me demandant quel était le réel objectif de ces gens qui tenaient absolument à entrer dans un pavillon qui n'était pas le leur (je sais qu'il y avait quelques étudiants de NF et de l'UQO dans le groupe, mais il y avait aussi plusieurs personnes qui avaient pris l'autobus à Montréal, à 6h du matin, ce jour-là). Une autre question, encore plus inquiétante, me vient constamment à l'esprit, surtout depuis que j'ai vu ce qui s'est passé hier, au centre-ville de Montréal: ces menaces de violences sont-elles terminées? Je sais que je devrai encore montrer ma carte d'employée pour entrer dans mon école, lundi, mais que la journée sera paisible, puisque les cours de l'UQO sont annulés. Toutefois, est-ce que la casse sera de nouveau au rendez-vous mardi? J'ose espérer que non, mais si elle est là, je serai prête à défendre la non-violence avec tous ceux qui y croient. Si je me fie à ce que j'ai lu sur Facebook depuis jeudi, je ne devrais pas être la seule à porter (dans mon coeur, du moins) un carré blanc.
Plus le temps avance, plus les souvenirs s'évaporent et se mêlent aux émotions et aux récits provenant d'autres témoins. Si je veux raconter le plus fidèlement possible ce qui s'est passé, toujours de mon point de vue, je dois ajouter certains éléments-clés à mon récit, le plus rapidement possible.
Comme je l'ai déjà écrit, j'assistais, durant l'heure du dîner, jeudi, à une réunion de préparation de voyage, dans un local du pavillon Lucien-Brault de l'UQO. Deux étudiants présentaient la ville de Londres. Pendant que l'un des étudiants parlait, on a cru comprendre que les manifestants étaient revenus et qu'ils étaient de notre côté de l'édifice. Plusieurs d'entre eux étaient masqués d'un foulard rouge, d'autres portaient des lunettes de ski. D'où nous étions, il était impossible de savoir s'ils attendaient patiemment devant les gardes de sécurité où s'ils provoquaient ceux-ci. J'ai pu percevoir qu'un manifestant semblait blessé et j'en ai ainsi déduit que les jeunes avaient tenté de pénétrer dans l'école en défiant les gardes. Je ne crois pas qu'ils soient restés pacifiquement, sans bouger, devant les policiers. Ils ont tenté d'entrer dans une école où ils n'avaient pas le droit d'aller. Est-ce que les gardes ont eu raison de les frapper à la tête? Certainement pas. Est-ce que les jeunes avaient raison de continuer à tenter d'entrer dans le pavillon? Certainement pas non plus, de mon point de vue.
Sans les avoir vus, je sais (et j'en ai déjà parlé) que les jeunes sont entrés par une porte de derrière laissée sans surveillance. Je sais aussi qu'ils ont cassé de la vaisselle et qu'ils ont répandu des condiments par terre. C'est après avoir fait cela qu'ils se sont assis dans la cafétéria et qu'il ont observé une minute de silence afin de démontrer publiquement le pacifisme de leurs actes. Je m'interroge sur le réel pacifisme de cette invasion. Ce n'est pas parce qu'on fait un signe de la paix en silence que cela veut dire que nous sommes non-violents. Je ne suis pas, comme Mathieu (mon mari, prof d'éthique à St-Alex) spécialiste de la chose, mais il me semble que MLK et Gandhi n'auraient pas utilisé cet exemple pour illustrer ce qu'est la non-violence. Ces jeunes et moins jeunes voulaient lancer un message idéologique clair d'opposition au gouvernement Charest et ils ne méritaient pas d'être emprisonnés, certes, mais il reste que leur action a fait peur à des centaines de personnes innocentes, qu'ils ont défié la loi d'une manière qui n'était pas des plus pacifiques et que certains d'entre eux ont commis des actes de vandalisme. Est-ce que des manifestants ont tenté d'arrêter les actes violents de leurs camarades? Je ne le sais pas. Je suis prête à croire ceux qui me diront qu'ils ont agi ainsi. Et je serai fière d'eux.
Une question me taraude, depuis jeudi. Qu'auraient fait les manifestants si la police n'était pas intervenue aussi rapidement? Si certains ont pu mettre des grillons dans les toilettes du pavillon, auraient-ils pu aller plus loin et détruire des locaux ou blesser des personnes, jeudi? Je sais que cette question est inutile, mais je me la pose quand même en me demandant quel était le réel objectif de ces gens qui tenaient absolument à entrer dans un pavillon qui n'était pas le leur (je sais qu'il y avait quelques étudiants de NF et de l'UQO dans le groupe, mais il y avait aussi plusieurs personnes qui avaient pris l'autobus à Montréal, à 6h du matin, ce jour-là). Une autre question, encore plus inquiétante, me vient constamment à l'esprit, surtout depuis que j'ai vu ce qui s'est passé hier, au centre-ville de Montréal: ces menaces de violences sont-elles terminées? Je sais que je devrai encore montrer ma carte d'employée pour entrer dans mon école, lundi, mais que la journée sera paisible, puisque les cours de l'UQO sont annulés. Toutefois, est-ce que la casse sera de nouveau au rendez-vous mardi? J'ose espérer que non, mais si elle est là, je serai prête à défendre la non-violence avec tous ceux qui y croient. Si je me fie à ce que j'ai lu sur Facebook depuis jeudi, je ne devrais pas être la seule à porter (dans mon coeur, du moins) un carré blanc.
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