
Imaginez-vous des charrettes, tirees par de vaillants (mais souvent rachitiques) chevaux. Pensez a de vieilles dames qui ne passent pas leurs journees a regarder des episodes de Samedi de rire au Canal D ou a aller bourlinguer au Zellers, mais qui vont au champ travailler a la sueur de leur front et qui reviennent chez elles le soir, a bicyclette parfois, avec le rateau sur le dos. Pensez a des champs sans tracteur, sans machinerie, mais remplis de travailleurs ages, litteralement, de 7 a 77 ans et vous aurez une image un peu plus claire de cette region ou nous passons ces derniers jours du mois de septembre, ou il fait un soleil estival, a la grande joie des paysans qui travaillent de longues heures, en ces temps des recoltes. Le dimanche, les petites filles revetent le costume traditionnel de la region pour aller a la messe, qui dure 3 heures et durant laquelle tous restent debout.

Le Maramures n'est pas qu'un paysage de carte postale ou d'un reportage du canal Evasion. Il est beaucoup plus complexe et multidimensionnel qu'on ne puisse le croire, a premiere vue. Nous avons experimente "live" les constrastes de la region.
Il y a 2 jours, nous revenions de notre epopee que vous lirez bientot sur le blogue de Mathieu. Nous avions vraiment besoin d'une petite consommation, comme on dit au Lac St-Jean. Marchant vers notre terrasse-lounge-depanneur preferee (la seule du downtown de Vadu Izei), nous remarquons avec desolation le bruit d'enfer mene par le camion deversant ce qui allait servir a faire la refection de la devanture de notre bar de predilection. Un peu decourages, nous songeons a rebrousser chemin et a retourner sagement a notre chambre pour y ecouter un delicieux episode de Scooby-doo ou de Tom et Jerry, lorsque nous nous rappelons avoir vu le mot RESTAURANT avant de partir pour notre epopee matinale. Nous nous dirigeons donc vers le dit "restaurant". J'insiste sur les guillemets.

Heureusement, des clients plus ages (mais deja tres saouls, a 3 h PM!) font leur entree dans notre chic lounge. On est rassure, les jeunes cessent leur jeu. Interloques, nous nous demandons pourquoi ils ont fait cela. Provocation? Volonte de prendre nos bieres si nous nous enfuyons? Volonte de nous dire que nous ne sommes pas a notre place, avec nos livres et nos coloriages? Je n'en sais rien. Quelques minutes apres l'entree des adultes, nous sommes troubles de nouveau, car un de ceux-ci prend la jeune fille sur ses genoux. J'aimerais de plus en plus lui parler a cette jeune fille qui me semble avoir de la difficulte a etablir ses limites, mais la barriere de la langue (et ma gene) m'en empechent.
La jeune serveuse est revenue chercher nos bouteilles. Nous lui avons laisse un pourboire, meme si elle ne s'est pas occupee de nous. On a eu pitie, j'imagine. On a eu peur, aussi. Nous sortons du bar a la fois choques et inquiets. Nous marchons en silence. Au loin, nous voyons un jeune homme a bicyclette. Il enleve sa casquette. Il venait de passer devant une eglise, avons-nous rapidement realise.
Vous ai-je dit que cette region en est une de contrastes?
Commentaires
Ça devait être tellement troublant comme moment!!!!
Comme quoi que tu vas avoir des millions d'histoires à raconter...
J'espère que tu passes tout de même du bon temps en Roumanie, et continues d'écrire, j'adore te lire!! :)
Bonne journée Caro!