Lundi soir dernier, j'ai eu la chance de voir le show de Coldplay. Le jeudi d'avant, ma soeur Kine m'avait annoncé qu'il restait miraculeusement des billets. Elle a fait toutes les démarches et voilà que, sans avoir fait la file durant des heures, j'ai eu la chance d'avoir un bon billet pour aller entendre ce groupe qui est, selon moi, le U2 du 21ième siècle. Je nous ferai pas ici une critique du show. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il a dépassé mes attentes. Chris Martin était drôle et beau comme un Dieu. Le groupe a interprété avec générosité et énergie toutes ses meilleures chansons. La foule était là, heureuse et enthousiasme. Une vraie belle soirée.
J'ai toujours aimé assisté à des shows. Je me rappelle avec bonheur mon "baptême du spectacle rock". J'avais 14 ans et mon amie Wendy m'avait invitée à aller voir Ronnie James Dio, l'ancien chanteur du groupe Black Sabath. Je ne le connaissais même pas. Ce qui me motivait? La première partie était assurée par les fameux Twisted Sisters, qui trônaient au top des palmarès avec leur seul succès "Whe're not gonna take it anymoooooooore". Je me souviens de toutes sortes de choses de cette soirée: les gars qui fumaient leur joint près de nous, les manteaux de cuir, les talons hauts, les cheveux gonflés au Spray Net, les années 80 condensées en quelques heures. Nous étions à l'auditorium de Verdun et je sais maintenant qu'il devait y avoir plusieurs membres de gang criminalisées dans l'assistance. Je ne le savais pas à ce moment-là. Je savais seulement que j'avais découvert un univers, celui du spectacle rock.
C'était drôle de voir à quel point l'auditoire de Coldplay, lundi soir, différait de celui de Twisted Sisters d'il y a une vingtaine d'années. Devant moi, il y avait 2 pré-ados qui s'amusaient plus à se prendre en photo qu'à écouter "The Scientist". Leur billet valait au moins 100$ et elles ne semblaient même pas en profiter. Leurs mères, elles, n'arrêtaient pas de fixer, pâmées, l'adorable copain de Gwyneth Paltrow. Il y avait toutes sortes de monde, mais personne semblait sorti d'un repaire des Hells. Des jeunes, oui, mais plusieurs madames et monsieurs, habillés de façon relaxe. Je pensais me sentir comme une matante entourée de jeunes en délire. J'étais vraiment loin d'être la plus vieille.
Quand j'assiste à un show, je me sens très souvent exactement de la même manière. J'aime voir l'artiste de loin, mais je voudrais aussi m'en approcher. Travailler pour le Rolling Stone et interviewer les musiciens. Parler des chansons, dire aux artistes à quel point ils me touchent, ils me surprennent ou ils me choquent. Je sais maintenant, comme adulte, que je serais probablement déçue de la réalité, que les artistes sont égocentriques et capricieux. Mais il y a toujours une adolescente en moi qui aime idéaliser ces gens qui passent leur vie à se faire applaudir par des milliers de personnes. J'aime croire qu'ils sont sincèrement contents d'être à Ottawa, que nous sommes le meilleur public, que les artistes nous préfèrent à d'autres foules. J'ai senti cela au show de MacCartney sur les Plaines, cet été.
Bien sûr, je ne travaille pas au Rolling Stone et je n'ai jamais rencontré un artiste rock de ma vie (à part les chanteurs de Tears for Fears, rencontrés parce qu'une amie avait gagné un concours à CKOI et qu'elle avait eu la gentillesse de m'inviter à les rencontrer backstage). Et je sais que si j'en rencontrais un, je resterais bouche bée, paralysée par ma trop grande admiration. Je le sais, mais on peut toujours rêver.
Je crois que ce que j'aime par dessus tout d'un show, c'est la redécouverte des chansons du groupe que je viens d'entendre. Cette semaine, j'ai sorti mes disques de Coldplay et je me suis demandé pourquoi je ne les écoutais pas plus souvent. Il y a des perles dans cette oeuvre, je vous le dis. Et je vous souhaite de pouvoir vous payer un instant de bonheur qui ressemble à celui que j'ai vécu lundi, en cette fin d'octobre de grisaille...
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