J'ai toujours aimé les aéroports. J'aime partir en voyage, cela va de soi, mais j'aime aussi aller y porter des gens. J'en profite pour bouquiner, prendre un café, chiller.
Cette fois-ci, volonté de voyager léger oblige, je ne bouquine pas. Plutôt, je lis sur mon Kindle qui est, jusqu'à présent, un très fidèle compagnon.
Plutôt que de lire ce que d'autres ont écrit, je me propose donc, lorsque ce sera possible, durant ce voyage, de profiter des heures que je passerai à l'aéroport pour penser au pays que je quitterai et pour partager mes perceptions (qui seront souvent erronées, je le sais) au sujet du pays vers lequel je m'envolerai.
Entre l'Islande et la Russie, il y a beaucoup plus que 4 heures d'avion, j'en suis à peu près certaine. Un monde sépare ces deux pays, je le sais déjà.
Premièrement, les Islandais sont courtois, efficaces, ponctuels et très honnêtes. Un petit exemple: nous avons loué une auto de la compagnie Procar. Trois jours après l'avoir rendue, je me suis aperçue que nous avons payé plus que ce que nous devions payer. Nous nous sommes rendus à l'agence de location et, en 5 minutes, avons obtenu notre remboursement. That's it. Pas de négociation, pas de morale, pas de "vous auriez dû vous en rendre compte auparavant", rien de cela. Juste un remboursement, qui arrivera dans notre compte dans 5 jours ouvrables. Et ce n'est qu'un exemple. En voici quelques autres: les Islandais que j'ai rencontrés sont 100% ponctuels et fiables. Dans les toilettes, il y a toujours du papier de toilette et un crochet pour accrocher son manteau (pour moi, c'est un indice important de l'organisation d'un pays) et à peu près tout FONCTIONNE. Et quand cela ne fonctionne pas, les gens s'excusent et réparent leurs erreurs avec le sourire. De plus, la criminalité est quasi nulle. Jamais, nous avons peur de nous faire voler ou arnaquer. Je ne m'attends pas à la même chose en Russie. Intuition, comme cela...
Deuxièmement, ce peuple est très ouvert d'esprit. La semaine dernière, 90 000 personnes (rappelez-vous que le pays compte 300 000 habitants) sont descendus dans la rue pour participer à la parade de la fierté gaie. L'Islande a déjà eu une chef d'état lesbienne et, selon le guide qui nous a fait visiter Reykjavik à notre arrivée, l'orientation sexuelle, n'est plus, depuis longtemps, sujet de débat au pays. Vous connaissez certainement ce que les homosexuels russes subissent comme traitement. Ils se font lancer des roches lors de parades et, lorsqu'ils se font attaquer, on ne les défend pas, mais on encourage leurs agresseurs à continuer d'être violents à leur égard. Il y a aussi une loi qui proscrit aux gens d'appuyer publiquement la défense des droits des minorités sexuelles. Je devrais peut-être boycotter la Russie et ne pas y aller, mais mon voyage est payé et je ne pourrai obtenir de remboursement. Je vais essayer de comprendre ce que les gens vivent là-bas. Ce ne sera pas facile, je le sais déjà. En dedans de moi, il y a une petite rebelle qui aimerait porter un t-shirt "Free Pussy Riot", mais je ne le ferai pas. Je vais essayer de discuter avec ceux qui en portent, par contre, et je vais les encourager à se battre pour conserver leur liberté d'expression. Ce sera mon geste. Je ne tiens pas à visiter une prison russe, mais je veux comprendre ce que les gens vivent et vous en parler.
Je me dis que j'ai été très chanceuse de vivre deux semaines de rêve dans un pays
à la fois accueillant et bien organisé. Je ne savais pas trop ce que je m'en allais faire en Islande, mais j'ai trouvé ce que je cherchais depuis longtemps: de grands espaces me permettant de mieux respirer. J'ai vu des arc-en-ciel magiques, de l'eau d'un bleu cristallin, des chutes à en couper le souffle. Ce pays m'a calmée, m'a permis de commencer mon voyage un peu plus zen. Je dois essayer de ne pas trop me stresser avec la Russie qui doit, comme tous les pays du monde, posséder un certain charme. Il est, comme chez certains êtres humains au passé trouble, caché un peu plus loin. C'est la tâche du voyageur de le trouver.
Je vous en reparlerai, à mon prochain séjour dans un aéroport ou, peut-être, je l'espère, lorsque j'aurai la chance de monter à bord du mythique train transsibérien. Là-dessus, je vous laisse, il y a mon Kindle qui m'attend et je vais peut-être aller faire un petit tour à la librairie, finalement, question de me donner des idées de bons romans islandais à y télécharger.
Islande, je te reverrai. À bientôt et merci.
Russie, j'espère que je trouverai chez toi de la douceur et de la beauté. On verra bien.
Commentaires
Je ne me ferai pas un devoir, mais plutôt une joie et un plaisir de venir içi ( et sur Facebook) te lire régulièrement.
Je vous souhaite un bon voyage, reposant et enrichissant. Nourrissez-vous du meilleur des gens que vous allez rencontrer et apprenez des possibles situations "moins plaisantes".
Au plaisir de te lire bientôt...
Benoit Monette