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Chronique d'aéroport #3 - On passe à l'Ouest!

Je prendrai aujourd'hui l'avion pour Perth, en provenance de Cairns, une petite ville de l'est de l'Australie. Le vol, d'une durée de cinq heures, m'amènera à l'extrémité ouest du pays que je visite depuis près d'un mois.

Ce vol est symbolique, car pour la première fois depuis un bon bout de temps je me rapproche, géographiquement du moins, de chez moi.

Nous en avons pris des avions, depuis notre départ. De l'Islande à la Russie, de la Russie à l'Écosse, de l'Angleterre à l'Inde, de l'Inde à la Thaïlande, de Singapour à l'Indonésie et de l'Indonésie à l'Australie, nous avons volé en nous éloignant de plus en plus du Canada. Nous avons aussi volé en Australie, de Melbourne à Sydney, puis avons fait un road trip jusqu'au nord du Queensland. Toujours de plus en plus loin. Toujours de plus en plus proche du bout du monde.

Nous partons vers Perth dans quelques heures puis nous nous dirigerons vers l'Ile Maurice, dans cinq jours, avant de nous rendre à Cape Town. Graduellement, nous passerons à l'Ouest. Après 45 jours de camping en Afrique (Seigneur, protège-moi!) et un petit séjour au Maroc, nous finirons cela en beauté en Europe. Est-ce que je vous ai dit à quel point j'ai hâte à notre séjour dans les îles grecques avec Blair et Nancy et à notre périple en Espagne et au Portugal avec François? J'ai aussi hâte de passer le jour de l'an avec ma soeur à Cape Town et de voir Annie à Sète. Voir des gens que je connais bien et que j'apprécie, en voyageant, ce sera fantastique. Ce sera un peu comme être chez nous, en étant au loin.

Je me sens ambivalente face au fait de me rapprocher très très lentement de chez moi.  Oui, je l'avoue, une partie de moi est contente de ne plus m'éloigner. Le sentiment d'être au bout du monde, c'est super pour un moment, mais l'exaltation ne dure pas, dans mon cas. J'ai besoin de me retrouver chez moi, de savoir que je me rapproche de mes amis, de ma famille, de ce qui m'est cher. J'ai hâte de retourner dans ma petite maison de la Terrasse du Ruisseau et de ne pas toujours mettre les mêmes sept t-shirts. Hâte de ne plus avoir à me demander à quel endroit je ferai mon lavage, hâte de conduire mon auto dans des rues que je connais, hâte de dîner à la caf de l'UQO avec mes chers collègues, d'aller au Bytowne et de prendre une petite marche dans le Glebe. Vous saisissez, j'imagine. Voyager, c'est fantastique, mais la familiarité de ma maison, de mon quartier, de ma ville et de mon pays me manque.

Et pourtant, si vous me disiez que je devais revenir chez moi demain matin, je serais déçue. La vie de voyageuse, c'est très souvent extraordinaire. Je peux lire et écrire autant que je veux, je vois des lieux fabuleux que j'essaie de photographier du mieux que je le peux et je fais des rencontres enrichissantes. Aussi, je ne travaille pas. Il m'arrive souvent de me pincer afin d'y croire. On est mardi matin et je ne suis pas assise à un bureau ou debout devant une classe. Je suis attablée à un café ou je visite un musée d'art contemporain. Il y a plein de gens qui me disent à quel point je suis chanceuse de voyager ainsi pendant presqu'un an et je les crois.

Moi qui suis normalement insomniaque, je n'ai que très rarement de la difficulté à m'endormir. Marcher en plein-air aide à trouver facilement le sommeil, mais il y a plus que cela. Je suis moins stressée en voyage que dans ma vie "normale". Oui, je m'en fais un peu lorsque notre auto de location est endommagée, mais cela n'a rien à voir avec l'anxiété qui me tenaille lorsque je procrastine ou que je m'inquiète face à mon emploi.

Est-ce possible d'apprendre de ce que je vis en voyage? Et si je marchais plus au grand air dans le Parc de la Gatineau et que j'apprenais à moins m'inquiéter face à ma job que je fais bien, en général, peut-être que je dormirais un peu mieux? Et si j'étais capable de m'arrêter pour aller au musée et de prendre des photos en marchant dans ma ville, peut-être serais-je plus en mesure d'apprécier la beauté de ma vie au Québec?

En attendant de mettre en pratique ces belles résolutions, il me reste une ville australienne à apprécier, l'Afrique à découvrir et l'Europe à revoir. Même si je suis parfois tannée de les porter, mes bottes n'ont pas fini de marcher et je continuerai d'être surprise, déçue, stimulée, ennuyée, fascinée par le monde et sa complexité. La seule différence entre hier et aujourd'hui, c'est que je me rapproche un petit peu de vous, mes amis et mon pays. J'ai hâte de vous revoir, mais j'ai encore beaucoup de merveilles qui m'attendent d'ici le 18 juin.

Merci de continuer de me lire. Je me sens un peu moins loin de chez moi quand je sais que vous êtes là.  

Commentaires

Unknown a dit…
Rassures toi Caroline, on est là à te lire, et on sera là à ton retour.
Bon vol :)

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